PARTIE 6 – L’Église primitive s’étend dans l’Empire romain

Table des matières et Crédits et droit d’auteur

Les Nabatéens …………………………………………………………………………………… ………………………. 2

Voyager dans l’antiquité …………………………………………………………………………………… …………. 4

Le deuxième voyage de Paul …………………………………………………………………………………… …… 4

Alexandrie de Troade (Troas) …………………………………………………………………………………… . 4

Athènes ……………………………………………………………………………………………………………….. … 5

Corinthe ……………………………………………………………………………………………………………….. .. 7

Éphèse ……………………………………………………………………………………………………………….. …. 8

Pergame ……………………………………………………………………………………………………………….. .. 9

Laodicée ……………………………………………………………………………………………………………….. . 9

Crédits et droits d’auteurs ………………………………………………………………………………………….. 11

Narrateur homme

Narrateur femme

K. van der Jagt

R. Pritz

T. Kaut

Verset biblique

Après sa résurrection à Jérusalem et pendant environ six semaines, Jésus est apparu plusieurs fois à ses disciples. Les instructions qu’il leur a données avant d’être enlevé au ciel, constituent un condensé du livre des Actes tout entier : « Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde. » Actes 1.8.

Des milliers de Juifs crurent en l’Évangile que les apôtres prêchaient à Jérusalem, et ils se firent baptiser. Comme il n’y avait pas de grande étendue d’eau aux alentours de la ville, ces baptêmes ont du probablement se faire dans des cuves d’immersion rituelle, ou dans les citernes qui recueillaient l’eau de pluie, sous les maisons.

Après avoir passé plusieurs années à Jérusalem, Simon Pierre, le personnage principal dans les premiers chapitres des Actes, est allé à Lydda.

De Lydda, Pierre s’est rendu à Jaffa, sur la côte, à la demande de croyants. C’est là qu’il a ressuscité une femme nommée Dorcas. Pendant son séjour à Jaffa, Pierre habitait chez un tanneur, un homme fabriquant du cuir à partir des peaux d’animaux.

Répondant à une vision et à l’invitation d’un officier de l’armée romaine, Pierre partit vers le nord et alla à Césarée, où il annonça l’Evangile aux non-Juifs. Les premiers croyants en Jésus étaient Juifs, tout comme Jésus lui-même. Avant même que Pierre ne se rende à Césarée, l’Évangile avait déjà dépassé les limites du judaïsme, quand Philippe un croyant originaire de Jérusalem, s’était mis à prêcher en Samarie.

Le quartier général de l’armée romaine en Judée, se trouvait à Césarée. Cette ville avait été bâtie par Hérode le Grand en l’honneur du premier empereur romain, Auguste. C’est là que le gouverneur romain résidait habituellement ; il ne se rendait à Jérusalem que pour des occasions particulières. Césarée était une grande ville en bord de mer qui s’étendait vers l’intérieur des terres. Elle abritait un port et toutes les institutions courantes pour une grande cité grecque.

Le chapitre 12 du livre des Actes décrit la mort d’Hérode Agrippa 1er à Césarée. L’historien juif Flavius Josèphe en fait une description similaire et situe le discours d’Agrippa dans le théâtre de la ville.

L’Église naissante qui se développait rapidement à Jérusalem et aux alentours, était cependant confrontée à de l’opposition. Son plus farouche adversaire était Saul, un jeune homme qui étudiait la Loi de Moïse. Après la mise à mort d’Étienne, à laquelle Saul avait participé, les autorités juives de Jérusalem lui donnèrent la permission d’aller à Damas, une grande ville de Syrie, pour arrêter des disciples de Jésus. Avant d’atteindre les murs de Damas, Saul vécut une expérience qui bouleversa sa vie. Il vit une lumière brillante comme un éclair et tomba à terre. Ensuite il entendit une voix qui disait : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? »

C’était Jésus qui lui parlait. Il donna pour mission à Saul de prêcher l’Évangile. La lumière que Saul avait vue, l’avait rendu aveugle, et il avait dû se faire conduire par la main jusqu’à la ville. On l’amena dans la maison d’un nommé Judas, dans la rue Droite. Après avoir été guéri et baptisé, Saul, dont le nom greco-romain était Paul, commença à annoncer l’Évangile à Damas avec autant de zèle que lorsqu’il avait persécuté les Juifs qui croyaient en Jésus.

Des Juifs de Damas espéraient que Paul allait les aider à régler le problème que représentait Jésus. Ils se sont rendu compte qu’il ne faisait qu’aggraver la situation. Ils ont donc décidé de le tuer. Les amis de Paul l’ont aidé à s’enfuir, en le faisant passer par-dessus les murailles de la ville, de nuit, dans un panier.

Paul n’est pas rendu directement à Jérusalem. Il s’est rendu en Arabie, dans le royaume des Nabatéens.

Les Nabatéens

Les Nabatéens étaient des Arabes qui vivaient dans les régions désertiques au sud et à l’est de Canaan. Entre le quatrième siècle avant J-C et la fin du premier siècle après J-C, Petra fut leur capitale. Cette ville était littéralement creusée dans la roche, en fait « Petra » veut dire pierre. Dans l’Ancien Testament, Petra est appelée « Sela ». Elle était remplie de tombeaux et de temples, c’était une nécropole, une ville des morts. Près de Petra se trouvait le centre commercial de Petite Petra : on y déchargeait les caravanes de chameaux et on y entreposait les marchandises.

Les Nabatéens étaient de grands commerçants : leur principale activité était le transport des épices et des parfums produits dans le sud de l’Arabie et en Extrême Orient, et des produits de luxe tels que la myrrhe et l’encens. 2300 km séparaient Gaza, leur grand port de commerce et le sud de l’Arabie. Des caravanes de chameaux transportaient les marchandises sur la « route des Épices » Comme les voyages pouvaient durer plusieurs semaines, les Nabatéens avaient installé le long de la route environ soixante-cinq relais. Dans le Néguev, le relais le plus important se trouvait à Avdat. Les Nabatéens possédaient une importante armée chargée de protéger les caravanes et les relais.

Au premier siècle avant J-C, le royaume nabatéen s’étendait vers le nord, jusqu’à Damas au sud de la Syrie. Paul quitta l’Arabie pour retourner à Damas. Paul, à cause de sa prédication en Arabie a dû s’attirer le courroux du roi des Nabatéens, Arétas IV, car rapidement, le roi donna l’ordre d’arrêter Paul.

De Damas, Paul retourna à Jérusalem. Mais très vite, là aussi, comme à Damas, sa prédication passionnée lui suscita des ennemis. Poussé par les responsables de l’Église, Paul s’embarqua pour Tarse en Cilicie, sa ville natale.

Tarse se trouvait dans le sud-est de la Turquie actuelle. C’était une ville portuaire et un lieu de commerce important. Tarse était une ville gréco-romaine, et comme Paul y était né, il était citoyen romain. La ville était renommée pour ses excellentes écoles et le jeune garçon juif y avait étudié la philosophie grecque et la rhétorique, c’est-à-dire l’art de l’argumentation, du débat et de l’écriture.

Tout jeune, Paul déménagea à Jérusalem où il reçut une éducation juive plus traditionnelle ; il étudia la Loi de Moïse et les traditions de son peuple. Il fut l’élève du célèbre rabbin pharisien Gamaliel, membre influent du conseil juif, le sanhédrin. Paul devint un membre assidu du parti des pharisiens.

Dès que l’Évangile commença à se répandre hors d’Israël, il se propagea rapidement, d’abord sur l’île de Chypre, puis dans la ville d’Antioche, proche de la ville natale de Paul. L’Évangile y fut prêché à des non-Juifs. Barnabas, originaire de Chypre, alla chercher Paul à Tarse pour qu’il participe à ce nouveau défi : l’annonce de l’Évangile aux païens.

Le livre des Actes mentionne quatre voyages de Paul. Pendant son premier voyage il a fait équipe avec Barnabas, qui l’avait soutenu à Jérusalem et à Antioche. Paul habitait à Antioche et après chaque voyage, il y retournait pour faire un compte rendu de son travail aux membres de l’église. Antioche était la capitale de la province de Syrie qui comprenait la Judée et la Galilée. C’était une des trois plus grandes villes de l’empire romain, après Rome et Alexandrie. Près de la ville actuelle d’Antakia se trouve une grotte qui a peut-être servi de lieu de réunion pour les croyants. C’est à Antioche qu’on les a appelés « chrétiens » pour la première fois.

À Séleucie, port d’Antioche, Paul et Barnabas ont pris le bateau pour Chypre. Ils ont annoncé l’Évangile pendant quelques temps dans les synagogues des Juifs, alors le proconsul de Chypre, Sergius Paulus, a voulu entendre le message de l’Évangile et il s’est converti. Ce proconsul venait d’une autre ville appelée Antioche dans la région de Pisidie.

De Chypre les apôtres firent voile vers le port de Pergé, puis ils se rendirent dans cette ville appelée aussi Antioche où la famille de Sergius Paulus possédait un grand domaine. Ce dernier a peut-être donné aux deux disciples des lettres d’introduction à remettre à des gens haut placés dans sa ville natale. Lorsque Paul est allé à Antioche de Pisidie, vers 47 après J-C, la ville avait de magnifiques constructions et c’était un lieu de culte des empereurs divinisés. Le théâtre ainsi que la rue principale bordée de chaque côté de boutiques, ont été mis à jour lors de fouilles archéologiques.

Des siècles auparavant, des Grecs avaient quitté leurs péninsules et leurs îles arides, à la recherche de terres spacieuses et fertiles et avaient fondé des villes partout en Asie Mineure (la Turquie actuelle). Ces colons grecs apportèrent leur civilisation et leur langue. Quand il voyageait à travers l’Asie Mineure, Paul, qui parlait grec, pouvait être compris de tous.

Voyager dans l’antiquité

Pour aller de Pergé à Antioche de Pisidie, Paul a emprunté des routes pavées en bon état, qui reliaient les principales villes de l’Asie Mineure. Il a dû passer par un col à travers les Monts Taurus qui longent la côte et culminent à plus de 2000 mètres d’altitude. Ces montagnes sont couvertes de neige la plus grande partie de l’année.

Dans l’Empire Romain, voyager sur la terre ferme était relativement facile. Tout le long des routes principales on trouvait des auberges où on pouvait se reposer, manger et changer de chevaux et de mules. Paul voyageait probablement à cheval ; il parcourait donc de grandes distances en peu de temps. Il fallait environ deux semaines pour traverser la totalité de l’Asie Mineure, soit plus de 1000 kilomètres.

Quittant Antioche de Pisidie, les apôtres sont allés annoncer l’Évangile à Iconium, à Lystre et à Derbé, des villes situées dans le sud de la Galatie. Comme ils retournaient chez eux à Antioche en Syrie par la même route, ils se sont rendus au moins deux fois dans presque toutes ces villes. Avant de prendre le bateau à Attalie, pour retourner à Antioche, Paul a prêché dans la synagogue de Pergé.

Cette campagne d’évangélisation rencontra un grand succès et souleva des interrogations sérieuses pour la jeune Église. Jusque-là, tous ceux qui croyaient en Jésus étaient juifs, et peu de tentatives avaient été faites pour annoncer l’Évangile aux non-Juifs. Lorsque les responsables de l’Église de Jérusalem ont entendu dire qu’un grand nombre de païens (les Gentils) se joignaient à la communauté chrétienne, ils ont été confrontés à de graves questions : l’Évangile était-il réservé aux Juifs ? Fallait-il que les païens se convertissent au judaïsme avant d’être admis dans la communauté chrétienne ?

On convoqua Paul et Barnabas à Jérusalem pour expliquer ce qu’ils avaient fait. On a appelé « Assemblée de Jérusalem » les discussions qui ont eu lieu à ce sujet. La décision prise fut claire : l’Évangile était pour tous, y compris pour les païens, et ces derniers n’avaient pas à se convertir au judaïsme. De retour à Antioche, les deux apôtres en informèrent les croyants qui accueillirent cette décision avec joie. Paul et Barnabas décidèrent alors de retourner dans les villes où ils avaient prêché, mais ils n’étaient pas d’accord sur le choix de leurs compagnons de voyage. Après un premier voyage ensemble, Paul et Barnabas se séparèrent. Ce dernier partit pour Chypre avec son cousin Marc, tandis que Paul choisit Silas pour l’accompagner.

Le deuxième voyage de Paul

Alexandrie de Troade (Troas)

Paul et Silas ont traversé l’Asie Mineure et sont arrivés ici, à Troas qui est un port sur la mer Egée. Là, Paul a eu une vision : un homme de Macédoine l’appelait et le suppliait de venir annoncer l’Évangile. Paul et Silas ont fait voile de Troas jusqu’en Macédoine, traversant la mer pour apporter l’Évangile en Europe. C’est une étape décisive pour la propagation de l’Évangile dans l’Église primitive. Cet événement a eu lieu vers l’an 49 après J-C.

La Macédoine, pays d’origine d’Alexandre le Grand, était une province romaine vaste et prospère. Ce royaume avait été conquis par les Romains au deuxième siècle avant J-C.

La plus grande ville de Macédoine s’appelait Philippes ; elle était située le long de la voie Egnatienne, la route principale reliant Rome à l’Orient. Les Romains y avaient installé une importante colonie en donnant des terres à des militaires romains retraités. La population de Philippes était donc composée de Romains, de Grecs et de Thraces (les autochtones). L’aristocratie romaine possédait des domaines hors de la ville, et de nombreux esclaves travaillaient dans les champs.

Il y avait à Philippes un grand nombre de temples dédiés à diverses divinités, un théâtre et tous les édifices que l’on trouve habituellement dans les villes gréco-romaines.

À Philippes les apôtres ont rencontré Lydie, une grecque convertie au judaïsme, originaire de Thyatire en Asie Mineure. Elle faisait commerce d’étoffes de pourpre et probablement vendait aussi la teinture pourpre extraite d’un coquillage marin. Le commerce de la pourpre était très florissant chez les Phéniciens. Seuls les aristocrates avaient le droit de porter des vêtements de pourpre. La présence de cette femme indique qu’il y avait un marché pour la pourpre à Philippes. Après avoir accepté l’Évangile prêché par Paul, Lydie a été baptisée dans une rivière à l’extérieur de la ville car il n’y avait probablement pas de synagogue à Philippes.

À Philippes, Paul et Silas furent arrêtés et jetés en prison. Dans l’antiquité, on gardait les gens en prison jusqu’à ce qu’on ait décidé quel châtiment leur infliger. Une prison pouvait être une bâtisse spéciale, ou un simple trou aménagé dans le sol. Jérémie a été enfermé dans une citerne vide. On a peut-être gardé Jésus dans un endroit similaire avant de l’en sortir pour le crucifier. On ignore comment était la prison à Philippes, le texte précise cependant qu’elle avait des portes. Elle ressemblait peut-être à cette grotte fermée par un mur sur le devant. Les deux apôtres avaient les pieds entravés dans des blocs de bois, ce qui devait être très inconfortable.

Paul et Silas ont quitté Philippes et sont allés à Thessalonique, capitale de la province de Macédoine. L’annonce de l’Évangile a donné lieu à un conflit avec des Juifs qui ont provoqué une émeute, obligeant Paul à quitter la ville de toute urgence. Il laissait derrière lui une jeune église qui allait devenir très puissante.

Après Thessalonique, les deux apôtres sont allés à Bérée, ensuite Paul s’est rendu tout seul à Athènes, très certainement en bateau. En approchant d’Athènes, Paul a dû voir, situé sur un promontoire, le magnifique temple de Poséidon, le dieu de la mer.

Athènes

Paul est arrivé à Athènes avant ses compagnons qui voyageaient peut-être par voie terrestre. À une époque, Athènes avait été la plus grande ville de Grèce, mais au temps de Paul, elle n’était qu’une petite ville sans importance, connue uniquement pour ses écoles de philosophie. Comme à son habitude, Paul parla de Jésus dans la synagogue.

[Dialogue] Paul est allé aussi sur l’agora

la place publique

et là il a discuté avec des philosophes épicuriens et stoïciens.

Ils ont cru que Paul tentait d’introduire deux nouveaux dieux dans la ville : Jésus et ‘anastasis’

La résurrection

ils l’ont emmené sur une colline appelée l’Aréopage

C’est là que se réunissait le Haut Conseil d’Athènes

C’est ça, ce conseil s’occupait des affaires civiles ainsi que des questions religieuses.

C’est exact. Le tribunal se devait d’interroger Paul car il annonçait de nouveaux dieux. Le mot Aréopage s’applique à la fois à la colline et au conseil qui se réunissait à cet endroit.

K : Qu’est-ce que Paul voyait à partir de l’Aréopage ?

R : L’Aréopage était situé à côté de la colline de l’acropole, sur laquelle on pouvait admirer les superbes temples de marbre blanc brillant au soleil. Parmi eux se trouvait le Parthénon, dédié à Athéna, déesse protectrice du pays.

K : Où se trouvait l’autel dédié au dieu inconnu ?

R : C’est une question intéressante ! Mais je ne peux pas y répondre car on ne l’a encore jamais retrouvé à Athènes.

Les discussions que Paul a eues avec les philosophes épicuriens et stoïciens ont dû se dérouler dans la stoa, sorte de galerie élevée recouverte d’un toit et bordée de colonnes. Là, à l’abri du soleil, les gens traitaient leurs affaires dans les boutiques, et parlaient de philosophie.

Bon nombre de cités antiques comprenaient une place haute fortifiée, qu’on appelle en grec « l’acropole » ou « ville haute ». L’acropole était non seulement située sur une hauteur et donc plus facile à défendre, mais c’était souvent là que se trouvaient les temples et d’autres monuments sacrés. Le Parthénon, temple imposant situé sur l’acropole d’Athènes était dédié à la déesse Athéna.

[Dialogue] La façon dont Paul aborde la religion des Athéniens est vraiment extraordinaire.

Oui, et même si Luc déclare que Paul était scandalisé par la quantité d’idoles qu’il voyait dans la ville, pourtant Paul faisait preuve d’un profond respect à l’égard des croyances religieuses des personnes auxquelles il s’adressait sur la place publique.

C’est exact. On aurait pu s’attendre à une réaction violente de la part de Paul en ce qui concerne l’idolâtrie, alors qu’en fait, il va même jusqu’à citer des poèmes grecs, dont un en l’honneur de Zeus.

Comment peut-on interpréter l’attitude tolérante de Paul à Athènes ?

Je pense que là, Paul met en pratique ses propres enseignements, qu’on trouve en

1 Corinthiens 9.22 : « Ainsi, je me fais tout à tous afin d’en sauver de toute manière quelques-uns. »

Je pense qu’il faut aussi tenir compte de son auditoire. Luc montre que Paul parle avec respect de la religion et de la philosophie grecque, mais lorsque ce dernier s’adresse à des chrétiens, il se montre beaucoup plus critique à ce sujet.

Corinthe

D’Athènes, Paul est allé à Corinthe. Il a vécu et annoncé l’Évangile à Corinthe pendant un an et demi. Plus tard il a écrit au moins deux lettres à l’église de Corinthe. Cette ville, capitale de la province romaine d’Achaïe, était nettement plus grande qu’Athènes, et comptait plusieurs centaines de milliers d’habitants. Elle se trouvait en Grèce, sur une étroite bande de terre, entre deux importants plans d’eau. Grâce à sa situation géographique, Corinthe bénéficiait d’énormes avantages stratégiques et commerciaux.

Pendant son séjour à Corinthe, Paul prêcha l’Évangile dans la synagogue, chaque semaine, le jour du Sabbat. On n’a découvert aucun vestige de cette synagogue, mais des archéologues ont trouvé une inscription provenant d’une synagogue probablement construite sur le même emplacement. L’inscription complète devait être « Synagogue des Hébreux ».

Une autre inscription indique que la construction d’une grande partie de la place pavée près du théâtre a été financée par un homme appelé Eraste. Ce n’était pas un nom courant à l’époque et il se peut qu’il s’agisse de l’homme qui saluait l’église de Rome dans les lettres que Paul écrivait aux chrétiens de Rome pendant son séjour à Corinthe. Il s’agit certainement du même Eraste cité en Actes 19 et en 2 Timothée 4.

Tout comme Athènes et bon nombre de villes grecques, Corinthe s’étendait au pied d’une acropole, la partie haute de la ville comprenant les édifices sacrés, appelée l’Acrocorinthe. Sur les versants et au sommet de cette colline se trouvaient des temples dédiés à diverses divinités.

[Dialogue] La communauté juive de Corinthe a accusé Paul devant le proconsul romain Gallion.

De quoi l’accusaient-ils au juste ?

Luc cite les Juifs qui accusèrent Paul : « Cet homme cherche à persuader les gens d’adorer Dieu d’une façon contraire à la loi. » (Actes 18.13).

De quelle loi s’agissait-il ?

C’est une question intéressante. Les Juifs parlaient probablement en grec et ils ont dû employer le terme « nomos ».

Ils parlaient soit de la loi civile romaine, soit de la loi juive, c’est-à-dire la Torah.

C’est exact. D’ailleurs, Gallion n’a peut-être pas bien compris à quoi ils faisaient allusion ; il a sans doute demandé aux Juifs plus de précision.

Tout à fait. Il est clair que pour Gallion, ce problème ne relevait pas d’un tribunal romain mais qu’il s’agissait d’une querelle en rapport avec la loi juive.

Pour écouter leur plainte, Gallion s’est assis sur une sorte d’estrade appelée « bema » : là, on entendait les cas contrevenant à la loi, on y prononçait aussi des discours en public. On en a retrouvé des vestiges devant la résidence du proconsul. Etant donné les dates inscrites sur les pierres, il s’agit très probablement du « bema » où siégeait Gallion.

Paul termina son deuxième voyage en s’arrêtant rapidement à Ephèse et probablement à Jérusalem, avant de retourner à Antioche en Syrie.

Éphèse

Paul fit ensuite un autre voyage pour annoncer l’Évangile qui dura trois ans. Il passa presque tout son temps à Éphèse. Il n’était allé dans cette ville qu’une seule fois, pour un bref séjour, lors de son voyage précédent. Pour rejoindre Éphèse, Paul est parti d’Antioche et a emprunté la route la plus directe, par voie terrestre.

Éphèse était la capitale de la province d’Asie et l’une des villes les plus vastes et les plus importantes de l’empire romain, avec une population dépassant les 250.000 habitants. C’était le haut lieu d’un culte très populaire, celui de la déesse Artémis. Artémis était une déesse de la fertilité, une déesse mère représentée dans l’art antique le corps couvert de mamelles. Le culte de cette déesse était très répandu dans le monde civilisé.

Ce temple d’Artémis se trouvait à Gérasa, ville de la Décapole.

À l’époque du Nouveau Testament, Éphèse portait fièrement le titre de « gardienne du temple de la grande Artémis ». On a découvert dans la ville une inscription portant ces mots, repris exactement par Luc dans le livre des Actes, ch. 19, v. 35.

Tout ce qui reste du temple d’Artémis à Éphèse est cette colonne ainsi qu’une partie des fondations. C’était un édifice immense, mesurant 100 mètres de long sur presque 50 mètres de large. À l’intérieur se trouvaient plus d’une centaine de colonnes de 16 mètres de haut. Ce temple faisait partie des sept merveilles du monde antique. Derrière l’autel principal se trouvait la statue d’Artémis, décrite en Actes 19 comme la « statue tombée du ciel ». [littéralement : pierre sacrée tombée du ciel].

À Ephèse, Paul remporta un tel succès en annonçant l’Évangile que les vendeurs de statuettes d’Artémis et de son temple ont eu peur de perdre de l’argent. Ils ont alors fomenté une émeute et une foule en colère s’est réunie dans le théâtre, l’un des plus vastes de tout l’empire romain, pouvant contenir environ 25 000 spectateurs. L’émeute dura deux heures. Paul voulait se rendre dans le théâtre pour s’adresser à la foule, mais ses amis l’en ont empêché, à cause du danger. Finalement, la foule s’est calmée, mais il se peut que Paul ait été emprisonné par la suite.

Peu de temps après, Paul a quitté Éphèse. C’est probablement pendant son séjour dans cette cité qu’il a écrit la première et la deuxième épîtres aux Corinthiens. Il a peut-être écrit d’autres lettres depuis Ephèse.

Éphèse occupait une place prépondérante dans l’administration romaine et c’est peut-être pour cela qu’elle allait bientôt être considérée comme l’Église mère de plusieurs églises situées dans des villes secondaires de la région. Le livre de l’Apocalypse est adressé à l’église d’Éphèse et à six églises dans six autres villes de la région.

Jean, l’auteur de l’Apocalypse, a peut-être été l’un des responsables de l’église d’Éphèse. Il fut exilé sur une petite île aride et peu peuplée appelée Patmos, à quelques heures de bateau d’Éphèse. Cette île de 15 km de long sur quelques km de large compte de nombreuses grottes. Jean vivait peut-être dans une de ces grottes quand il a eu ses visions. Il les en aurait entrepris la rédaction plus tard, après son retour à Éphèse.

L’exil de Jean date certainement du règne de l’empereur Domitien (81-96 après J-C), qui mena de grandes persécutions à l’encontre des chrétiens. Rome n’interdisait pas d’annoncer une nouvelle religion. Cependant la religion chrétienne enseignait à ses adeptes de ne pas rendre de culte aux dieux traditionnels. Comme les Romains croyaient que les dieux protégeaient l’empire donc, à leurs yeux, cette nouvelle doctrine mettait en danger l’équilibre de l’empire. Un chrétien qui refusait d’offrir des sacrifices aux dieux ou aux représentations de l’empereur pouvait être accusé de trahison envers Rome.

Pergame

Le livre de l’Apocalypse contient sept lettres, la troisième est adressée à l’église de Pergame. Pergame était depuis longtemps une grande ville d’Asie Mineure et avait été pendant quelque temps la capitale de la province. Fait encore plus marquant, on y célébrait le culte de deux divinités très importantes. La première était le dieu de la médecine, Asclépios, auquel on avait donné le titre de « Soter » c’est-à-dire Sauveur et dont l’emblème était un bâton entouré de serpents entrelacés.

Dans l’antiquité, il existait des cultes pour obtenir une guérison. Pour les Grecs de cette époque, le plus célèbre dieu guérisseur était Asclépios. Plusieurs sanctuaires importants lui étaient consacrés à Epidaure dans la péninsule du Péloponnèse et ici à Pergame. Les malades venaient dans ce centre de soins, prenaient des bains, passaient souvent la nuit sur place, ou dans les environs, espérant que le dieu leur montrerait dans un rêve comment guérir.

Ceux qui étaient guéris offraient au dieu des objets témoignant de la nature de leur guérison. Pergame possédait une faculté de médecine et une grande bibliothèque contenant des traités sur les maladies et des méthodes de guérison traditionnelles.

Le deuxième culte important pratiqué à Pergame était celui de l’empereur romain. En 29 avant J-C le tout premier temple dédié à un empereur romain et à la déesse Roma fut construit à Pergame. Au cours du premier siècle de notre ère la ville prit de l’importance et devint un lieu réputé en Asie pour son culte voué à l’empereur.

D’après la lettre adressée à la communauté chrétienne de Pergame, au chapitre 2 du livre de l’Apocalypse, Pergame est le lieu où se trouve « le trône de Satan ». Que désigne cette expression « le trône de Satan » ? Au 19ème siècle des spécialistes ont estimé qu’il s’agissait du temple de Zeus. Pour d’autres, cette expression faisait référence au culte étatique de César avec les sacrifices qui l’accompagnaient. Selon une troisième théorie, il serait fait allusion au temple du dieu Esculape, Esculape le dieu guérisseur et sauveur.

Laodicée

La ville de Laodicée s’étendait dans une vallée fertile. C’était une ville industrielle prospère qui produisait des vêtements de laine de très bonne qualité.

L’église de Laodicée est l’une des sept églises mentionnées dans l’Apocalypse qui qualifie les chrétiens de Laodicée de « tièdes ».

Il s’agit probablement d’une expression imagée faisant allusion aux sources qui se trouvaient dans les montagnes avoisinantes. Contrairement à la plupart des sources de montagnes, elles

ne donnaient pas d’eau fraîche mais de l’eau tiède. Ces sources fournissent toujours de l’eau riche en calcium, et cette eau parait plutôt chaude.

Paul est ensuite retourné dans certaines églises qu’il avait visitées lors de son deuxième voyage, en Macédoine et en Grèce. Il est peut-être allé jusqu’à Corinthe. Il est reparti ensuite vers le nord pour aller en Macédoine. Après la fête de la Pâque, il s’est embarqué à Philippes avec ses compagnons, pour Troas en Asie Mineure. Troas était un des ports les plus proches de la Grèce et Paul y est passé plusieurs fois. Pressé de se rendre à Jérusalem, il n’est pas allé jusqu’à Éphèse ; il a simplement rejoint des responsables de l’église d’Éphèse au port de Milet, à environ 70 km d’Éphèse.

Paul s’était embarqué sur un bateau à destination du port de Ptolémaïs. Le bateau faisait escale à Tyr pour décharger une partie de sa cargaison. Ce qui permit à Paul de passer une semaine avec des chrétiens de l’église de Tyr. Arrivé à Ptolémaïs, Paul a continué à pied jusqu’à Jérusalem, en s’arrêtant plusieurs jours à Césarée.

À Jérusalem, Paul fut arrêté et mis en prison. On l’envoya à Césarée sous escorte, où il resta en prison pendant deux ans. Lorsqu’il a pu enfin comparaître devant Festus, le gouverneur romain, Paul usant de son droit de citoyen romain, en appela à l’empereur à Rome.

Le voyage de Paul jusqu’à Rome ne s’est pas bien passé et le bateau a fait naufrage sur les côtes de l’île de Malte. Paul et ses compagnons ont finalement pu rejoindre l’Italie trois mois plus tard. Empruntant la route allant vers le nord, appelée la Voie Appienne, Paul, toujours prisonnier, arriva enfin à Rome. C’était au début de l’an 60 après J-C.

Crédits et droits d’auteurs

Réalisé par l’Alliance biblique universelle

Texte

Krijn van der Jagt

Ray Pritz

Prise de vues et montage

Jan Karnis

Caméra additionnelle

Tino Qahoush

Knut Muhsik,

Cine Impuls

Séquences additionnelles

B&N Productions, Istanbul

Preserving Bible Times, Inc.

Assistants de production

Simon Karnis

Janice Karnis

Narrateurs

Danielle Jeanne

Pierre-Philippe Deveaux

Gérard Rouzier

Conseillers

Jean-Claude Loba

Philip Towner

Gosnell Yorke

Conseiller technique

Christian Bonnet

Consultant

Krijn van der Jagt

Musique

Michael Moricz / Nazareth Village

Réalisateur

Ray Pritz

Cartes reproduites avec l’aimable autorisation de la Société biblique danoise

Remerciements pour l’autorisation de filmer :

Musée de Pergame, Turquie

Église Saint-Pierre en Gallicante, Jérusalem

Maison de la pêche et des ancres, Ein Gev

Musée d’Éphèse, Selçuk

Musée d’Eretz Israel, Tel-Aviv

Direction de la Nature et des Parcs, Israël

Parc national de Jerash, Jordanie

Kadman Numismatic Pavilion, Musée d’Eretz Israel, Tel-Aviv

Musée Hamizgaga, Nahsholim, Tel Dor

Musée de la civilisation romaine

Musée national de Beyrouth

Nazareth Village

Congrégation Netivyah, Jérusalem

Musée de Pergame, Berlin

Parc national de Pétra, Jordanie

Ralli Museum, Césarée

Musée des pays de la Bible, Jérusalem

La Tour de David, musée d’histoire de Jérusalem

Maquette du second temple de Jérusalem, musée d’histoire de Jérusalem

Le tabernacle du désert, Timna

Copyright

Version originale en anglais © Alliance biblique universelle, 2004

Version française © Alliance biblique universelle, 2018